1963: grève des mineurs, la solidarité en seine maritime
La grève des mineurs
Le mouvement des mineurs en 1963 était basé sur la demande de ceux-ci de voir un rattrapage de leurs salaires par rapport à ceux du privé de 11%. Le mouvement a démarré dès janvier avec la CGT et FO en organisant une baisse des rendements.
Le 15 février c'est l'échec des négociations avec les charbonnages de France. Ceux-ci n'estiment le décalage qu'à 2,77%.
Le 1er mars 1963 démarre la grève totale appuyée par la CGT, FO et la CFTC.
Dès le 2 mars le Général De Gaulle donne l'ordre de réquisition. Les mineurs décident de passer outre.
La grève durera jusqu'au 5 avril 1963. La direction des charbonnages concèdera une augmentation immédiate de 6,5% et une progression des salaires de 12% d'ici le 1er avril 1964. Elle concèdera également une 4è semaine de congés payés.
Le mardi 5 mars 1963
La CGT, FO, la CFTC, la Fen et l'Ager (UNEF) appellent à 1/4 d'heure d'arrêt de travail et à un rassemblement à 18h15 place des Emmurées à Rouen contre la réquisition des grévistes par le général De Gaulle.
La chambre de commerce veut un "approvisionnement normal"
Dès le 8 mars la chambre de commerce de Rouen réclame la conclusion, avec des fournisseurs étrangers, de contrats à long terme permettant de "compléter les fournitures des houillères françaises"!
Quelques jours après (le 14 mars) les représentants des ouvriers de la chambre de commerce, des grutiers de Gd Quevilly et Gd Couronne, des dockers de Rouen et du Havre..."ont décidé de cesser tous les déchargements de navires charbonniers"
La solidarité en Seine Maritime
Un collectif Unitaire de solidarité aux mineurs est mis en place regroupant l'ensemble des centrales syndicales. Des bons sont édités et répartis entre les différents syndicats. Paris Normandie s'engage à publier régulièrement la liste des souscripteurs( parmi ceux-ci on trouve André Marie qui fut de nombreuses fois ministres dans différents cabinets et était conseiller général du canton Barentin Pavilly pour une somme de 50 francs). Dans une circulaire interne la CGT note "la campagne est organisée par toutes les centrales sans esprit de compétition qui serait d'ailleurs mal venu en de telles circonstances".
(Archives départementales 766 Fond CGT)
Le 13 mars un comité d'honneur est créé pour élargir la solidarité. Il est composé de :
Fernand Legagneux président de l'UD CGT
Docteur Marx ancien résitant
M. Morissot
Pasteur Rioux
Mr le professeur Troude
Mr Pierre René Wolf par ailleurs directeur de Paris Normandie
(archives départementales 76- Fond CGT)
Entre le 12 mars et le 6 mai 179457 francs (nouveaux) seront collectés et reversés pour la plus grande part au fond national de solidarité aux mineurs. Aux versements du comité unitaire départemental s'ajoutent de nombreux versements effectués par des corporations comme celle des officiers de marine, ou par les professeurs d'éducation physique qui versent une journée de salaire.
Du 22 au 24 mars 1963 une délégation des mineurs de Noeux les Mines est reçue par le comité intersyndical rouennais d'aide aux mineurs. A cette occasion 25515 francs sont collectés.
Le 21 mars à 18h30, 60 mineurs du bassin de Noeux les Mines sont accueillis par le comité départemental de soutien aux mineurs. Celui-ci appelle la population a bien les accueillir, rappelant "ces mineurs ne sont pas des hôtes inconnus de la population. Ce sont eux qui ont participé aux travaux dangereux de déblaiement des ruines de Rouen et de sa banlieue pendant la période tragique des grands bombardements".
Une trentaine d'entre eux parcourront les communes voisines de Rouen (Sotteville, Maromme...) pendant que 25 autres seront reçus au cercle Franklin du Havre puis par le Maire du Havre René Monguillon.
le 27 mars 1963
Le comité dénonce une nouvelle fois l'absence d'objectivité de la télévision française qui ne présente que la thèse gouvernementale.
29 mars 1963 des enfants de mineurs accueillis dans des familles en seine maritime
A Rouen au Havre, à St Etienne du Rouvray les comités de soutien se propose d'accueillir des enfants de mineurs pendant les vacances scolaires de pâques.
Le secrétaire de l'UD CGT M. Letessier écrit au "camarade Fontaine François rue des vieux corons à Barlin"
""Suite à notre proposition de prise en charge d'enfants de mineurs...le nombre d'enfants demandé est de 45. Actuellement nous avons 30 inscriptions mais d'ici dimanche ce sera complet. Notre car partira lundi matin à 7 heures de Rouen pour être à Barlin vers 11h."
Si certains parents n'ont pas de préférences d'autres font des demandes de fillettes ou garçons par tranche d'age en fonction de leurs propres enfants.
"Ces enfants sont placés dans des familles de travailleurs des produits chimiques, cheminots, papier carton, un enfant a même été demandé par un hôtelier-restaurateur."
Et M. Letessier précise: "je te signale que nous sommes intervenus à la Mairie de St Etienne du Rouvray qui doit prendre également des enfants de Barlin"...leur car partira en même temps que le nôtre.
(Archives départementales 76- Fond PSU 166J)
Jeudi 11 avril
C'est le retour des enfants vers la région de Lens. Le comité départemental tire le bilan: le comité a accueilli 350 enfants et si l'on y ajoute les enfants accueillis par des municipalités, ce sont près de 1000 enfants que la Seine Maritime aura reçu.
Début avril
Alors que de nombreuses municipalités avaient voté des délibérations allouant des subventions au comité de soutien, le ministre de l'intérieur interdit ces versements.
octobre 1963
Le comité intersyndical des mines de Barlin propose au comité de soutien rouennais 10 tonnes de charbon, collectées auprès des familles de mineurs, pour remercier ceux qui les ont aidé.
le comité de soutien est embarrassé. Après avoir proposé ce charbon aux familles qui ont hébergé des enfants, il se révèle que la plupart logent dans des HLM déjà chauffés.
C'est donc vers l'Union des vieux travailleurs que le comité se tourne...reste à trouver un camion..
La CGT décide d'apposer une vignette de 100 anciens francs par syndiqué pour la solidarité.
(Archives Mémoires du Mouvement Ouvrier)
17-12-1963
Les représentants des organisations CGT, FO, CFTC et Fen se sont réunis pour liquider le compte de solidarité aux mineurs.
il reste une sommes de 920 francs que ledit comité propose de verser pour le noël des enfants des mineurs de Noeux les mines.
Le comité des mineurs de Noeux remercie de cette solidarité et annonce qu'à son tour il va accueillir des enfants de mineurs de fer de Trieux (54) et que cette somme servira au transport de ces enfants. (Le 14 octobre 1963, 258 mineurs de Trieux recevaient leur lettre de licenciement. Près de 600 mineurs se relaieront au fond des puits pour les occuper pendant 79 jours).