Mémoires du Mouvement Ouvrier

Actions et réseaux anticolonialistes à Rouen pendant la guerre d'Algérie

Actions et réseaux anticolonialistes à Rouen pendant la guerre d'Algérie
Même si elle a voulu la nier, la guerre d'Algérie (1954 1962) est la dernière véritable guerre que la France ait connue. Bien plus profond que les expéditions militaires récentes (au Koweit, en Afghanistan, en Afrique ou en Syrie), le conflit algérien a touché l'ensemble de la population, il a bouleversé l'histoire de notre pays et remodelé le champ politique national.

Rappelons en effet que 400.000 appelés ont été envoyés en Algérie, que 2 millions de Français y ont combattu entre le début et la fin du conflit, et que 25.000 soldats français y ont laissé la vie. Ce sont presque toutes les familles de métropole qui ont vu un fils, un père, un oncle, un cousin, un ami ou un voisin partir là-bas.
De même que dans la communauté algérienne en France, tout le monde avait une famille au pays qui subissait l'extrême brutalité des opérations militaires (400.000 morts algériens).
Rappelons également que cette guerre a eu lieu aussi sur le territoire national, à travers les règlements de compte sanglants entre groupes nationalistes (FLN contre MNA), les violences policières et le racisme quotidien, mais aussi les attentats du FLN puis de l'OAS.
Cette guerre d'Algérie va avoir un impact considérable sur la France : naissance de la Cinquième République, fin de la colonisation et début du néocolonialisme, arrivée d'un million de pieds noirs, impact sur les mentalités... Elle va aussi bouleverser le champ politique.
La droite va connaître une fracture ouverte, entre gaullistes et "Algérie française", fracture qui n'est pas étrangère à l'existence du Front National.
A gauche, la SFIO va perdre le peu d'honneur qui lui restait en se compromettant dans les pires turpitudes de cette aventure coloniale, elle va subir sa crise terminale, et une "nouvelle gauche" va naitre des combats contre la guerre (création du PSU, transformation de l'UNEF, développement de l'extrême gauche...).
D'où cette brochure de notre association MÉMOIRES DU MOUVEMENT OUVRIER (MMO) qui, sans prétendre à l'exhaustivité, revient sur cette guerre terrible en rappelant quelques épisodes et quelques actions de soutien à la cause anticolonialiste dans la région rouennaise.
Chrétiens, socialistes, communistes, pacifistes, humanistes, de nombreux militants et citoyens de notre région ont lutté contre cette guerre. Sous des mots d'ordre différents (de la "paix en Algérie" au soutien au FLN...), mais tous avec beaucoup de courage et de détermination.
Grèves ouvrières, meetings, manifestations, mutineries de soldats, surveillance des activités de l'OAS, mais aussi constitution de réseaux de soutien au FLN ou organisation de réseaux communistes au sein même de l'armée, les anticolonialistes
étaient sur tous les fronts.
Et pourtant, les débats étaient nombreux et complexes. Fallait-il soutenir le FLN malgré ses pratiques ?
Fallait-il lui fournir des armes ? Fallait-il appeler les soldats à l'insoumission, aux mouvements collectifs ou les organiser secrètement ? Comment s'opposer à un putsch militaire ?
Autant de pistes à explorer pour les historiens qui s'intéressent au sujet, et de sujets de réflexion pour ceux qui veulent toujours conjuguer justice sociale et solidarité internationale, socialisme et internationalisme.



06/03/2017
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