Mémoires du Mouvement Ouvrier

Naissance de SUD PTT en Hte Normandie

 

29 Mai 1990 : Création de SUD PTT en Haute Normandie

 

Le 29 mai 1990 se réunissait le congrès de la CFDT PTT de la Seine Maritime. Le bureau du syndicat avait convoqué ce congrès avec à l’ordre du jour la dissolution du syndicat. Quelques jours avant les militants avaient déménagé les documents, et le matériel du syndicat situé dans les locaux de l’union Régionale Interprofessionnelle haute Normandie.

 

Depuis longtemps l’équipe syndicale du syndicat était en opposition dans la CFDT, mais l’équipe syndicale de Seine maritime pris cette décision pour plusieurs raisons :

  1. les exclusions prononcées par la fédération, (en particulier de toute la région Ile de France) exclusions qui avaient amené la création de SUD PTT
  2. la fédération avait mis sous tutelle le syndicat, lui interdisait le droit de participer aux réunions du comité national, refusait les congés formations, empêchait le fonctionnement
  3. l’orientation de la fédération CFDT PTT avec laquelle les divergences s’étaient creusées, que ce soit sur les revendications par rapport au statut de l’entreprise, à la durée du temps de travail, aux accords salariaux . . . mais aussi sur les formes de luttes (coordinations, assemblées du personnel. . . )
  4. Cette orientation de la fédération était rejetée par la base et les adhérents quittaient le syndicat les uns après les autres. Le syndicat CFDT de Seine Maritime avait 1400 adhérents en 1974 à la fin de la grande lutte, il lui en restait 420 au moment de ce congrès, même si le syndicat pesait encore 30  % des voix sur le département.

 

Mais l’opposition vient de plus loin encore. C’est sûrement l’année 1979, qui est la date charnière. Les années passées, que ce soit lors des événements de 1968 ou de la grande grève de 1974 aux PTT, la CFDT s’est radicalisées et a su saisir les idées nouvelles. Puis ce sont les assises pour le socialisme, une volonté des dirigeants CFDT de construire un parti de gauche, force d’alternance. Ce lien politique pèsera lourd. Car en 1979, 2 ans avant l’arrivée de la gauche, les revendications sont toutes revues pour les rendre acceptable pour le nouveau pouvoir. La revendication des 35h, revendication phare de la CFDT, se transforme en 37h vers les 35h. Emerge aussi, l’idée d’un statut différend de la poste. Au nom de la défense des PTT, il faudrait accepter une évolution et abandonner le statut d’administration d’état (titre 1 et 2 du statut des fonctionnaires) pour un hypothétique titre 5 imaginé par les responsables fédéraux. Ce titre permettrait plus de souplesse et sauverait ainsi le statut du personnel.

Mais les divergences abordent d’autres thèmes. En 1974, la CFDT PTT notait l’importance des assemblées du personnel, de leur rôle décisoire.

 

 

Le 13 avril 1987, Jean-Claude Desrayaud secrétaire fédéral adjoint écrit à Huguette Fouyer secrétaire du syndicat :[1]

« Nous relevons dans la publication « collectif, mouvement syndical et dynamique sociale », le soutien à cette revue des membres du bureau syndical suivants : Amans Jean-louis, Hély Annick, Chevalier Murielle et Taleb Claude.

Cet engagement est contraire aux règles et pratiques CFDT sur l’autonomie syndicale. Il y a en l’occurrence mise en cause des décisions démocratiques adoptées au 39è congrès de La Rochelle.

Le Bureau national demande au bureau syndical de la Seine Maritime les mesures qu’il compte prendre pour faire respecter l’indépendance et l’autonomie de la CFDT. »

 

Le 22 novembre 1988 Jo Duprat secrétaire national écrit à Jean Louis Amans secrétaire départemental :[2]

« Le bureau national des 16 et 17 novembre a été amené à examiner, comme cela se fait habituellement, la validation du bureau syndical de Seine  Maritime. Il a été décidé de réexaminer l’éventualité de cette validation dans une prochaine session. 

En effet, les pratiques qui se développent aujourd’hui en Seine Maritime, à l’initiative du syndicat dont tu es le secrétaire, posent de nombreux problèmes. Quelques exemples récents en témoignent :

 

v     Votre tract « la résignation n’est pas à l’ordre du jour », outre qu’il reprend des revendications qui ne sont pas d’origine CFDT « les 6000 frs » donne une version pour le moins particulière du rôle du syndicat dans l’action : « la section CFDT s’est engagée totalement mettant au service des grévistes, son local et son matériel. Ses militants encouragent la tenue d’assemblées générales prenant toutes les décisions et élisant les négociateurs responsables devant les grévistes. Les militants de la CFDT ont jusqu’au bout appelé à la poursuite et au renforcement de la grève ». Curieuse démarche que celle laconiquement exprimée dans ces lignes : depuis quand la CFDT a-t-elle une telle conception du rôle de la section syndicale ? Celle-ci n’est-elle pas d’abord au service de ses adhérents, n’élabore-t-elle pas et ne fait-elle pas sa propre analyse de l’action ; depuis quand considérons-nous que face au patron la légitimité de la représentation, donc de négociation, n’appartient plus d’abord aux syndicats . . . et quelle approche que celle visant à jouer les « jusqu’auboutistes » indépendamment du contexte, du rapport de forces et des résultats ?

 

v     Lors de la journée d’action Télécoms du 18 novembre, dans laquelle l’apparition de « coordinations » a laissé un espace certain à la CGT, les militants de ton bureau syndical ont exprimé, devant les travailleurs de profonds désaccords avec la CFDT, son expression et sa capacité à les représenter et à négocier. . . C’est ainsi qu’un membre de votre Bureau Départemental a déclaré à propos de la délégation qui devait rencontrer le DRT : « il y aura peut-être des syndicalistes dans la délégation, mais il est important que vos élus puissent contrôler ce qu’ils disent ».

 

v     De plus tu ne dois pas ignorer que l’Union Régionale CFDT Haute-Normandie qui devait être reçue par le DRT s’est vue interdire l’accès du bureau par un groupe de grévistes (avec des militants CFDT). Cela ne va pas dans le sens de crédibiliser la CFDT, son action et sa stratégie.

 

v     Enfin tu ne dois pas ignorer que c’est sur un appel de Rouen CTA que se constitue actuellement une « coordination des centres de tri » intitulée « Comité de liaison des PTT » qui reprend les revendications et se calque sur la stratégie CGT : les luttes, encore les luttes . . . mais ses recherches de débouchés concrets . . . ?

 

 

Ces quelques exemples ne sont que les phénomènes visibles de pratiques qui ont cours actuellement dans le syndicat dont tu es responsable, et qui en l’état actuel, est encore une organisation de la CFDT. Il te revient de faire en sorte qu’il le demeure, et en premier lieu en faisant connaître par ses écrits les positions et l’analyse de la CFDT à ses adhérents et au personnel de Seine Maritime. Toute autre attitude ne pourrait que mettre en cause la crédibilité (dont il reste à démontrer qu’elle ne soit déjà entamée) des échanges et accords de » votre syndicat avec le représentant du Bureau national parrain de votre syndicat ».

Un courrier qui résume parfaitement les divergences.

 

Le 21 décembre 1988 a lieu le 50è Comité National de la CFDT PTT

 

Avant la réunion de ce comité national, tous les secrétaires et trésoriers de section ont été déshabilités, sauf sur 3 bureaux centraux, les locaux vidés par l’administration, les panneaux syndicaux CFDT retirés, les droits syndicaux enlevés.

Le 7 décembre un commando dirigé par le BN vire physiquement les responsables des locaux de l’union parisienne.

Le congrès des Postaux prévu les 7 et 8 décembre et celui de l’Union Régionale prévu le 15 décembre 1988 ont été interdits par le 49è comité fédéral.

Le rapporteur du Bureau national y annonce que les syndicats Postaux, Paris Télécoms, centre régionaux des chèques postaux, Administration centrale, 92, 93, 94, 95 et la région Ile De France ont tenu ou vont tenir des congrès de désaffiliation de la CFDT ;

Il rappelle que les statuts ne permettent pas au BN d’exclure un syndicat ou des adhérents, mais qu’il s’agit là de se protéger d’une scission.

Il engage à prendre les mesures pour protéger et reconstruire la CFDT en IDF.

 

Les responsables concernés sont là et déclarent : « la province va-t-elle exclure la Région parisienne ? Il est encore possible de revenir sur la scission si les sanctions sont levées ».

 

 

La région PACA intervient : nous vivons des moments difficiles. C’est la 4è crise, ça suffit ! Les mesures prises par le 49è CNF n’ont pas pris en compte les conséquences. Les revendications d’IDF n’étaient pas celles de la CFDT mais la fédération était muette sur le terrain des luttes. Il faut un compromis. Pas question d’attendre les CAP et de faire le ménage après. Proposition d’une motion préconisant le gel de toutes les sanctions y compris celles intervenues lors du dernier CNF. 16 de leurs mandats iront à la proposition du BN 8 contre et 16 mandats ne prendront pas part au vote.

 

La région Languedoc Roussillon voulait déjà aller plus loin dans les sanctions au 49è CNF. Le CNF doit donner la possibilité de sanctionner y compris en province sans nouvelle réunion. 29 mandats iront à la proposition du BN, 0 contre

 

L’auvergne approuve la suspension des 7 syndicats, même si le moment est mal choisi. Dans l’interprofessionnelle ça chauffe : certains oublient qu’ils ont aussi fait le ménage dans le passé. Les confédéraux doivent arrêter de faire des déclarations sur les moutons noirs, les gauchos, on est aller leur dire en délégation. 22 mandats iront à la proposition du BN 4 contre

 

Franche Conté refuse toute forme d’exclusions. Que feriez vous à la place des militants d’IDF. Nous soutenons la motion de PACA ; 2 mandats iront à la proposition du BN, 20 contre

 

Région centre : une grande majorité approuve les décisions, certains pensent même que cela ne va pas assez loin. 29 mandats iront pour la proposition du BN, 4 contre

 

Pour les Pays de Loire les mesures s’imposent et auraient du être prises depuis longtemps. Des militants sont prêts à faire le voyage de Paris pour reconstruire la CFDT. Les 51 mandats iront tous à la proposition du BN

 

Rhône Alpes : il faut prendre les moyens que cela s’arrête. Il y aura de la casse, qu’au moins cela serve. Quand une orientation est tranchée elle s’impose à tous. Les 75 mandats iront tous à la proposition du BN

 

Champagne Ardennes

La région est dans l’expectative. Jusqu’où ira-t-on dans cette logique ? Est-ce que des syndicats de province vont suivre ? Nous voulons l’arrêt des hostilités, nous voterons la motion de PACA. Il y aura 4 contre la proposition du BN et 19 refus de vote.

 

Midi Pyrénées

Ça suffit les CNF en cascade. Nos équipes sont désorientées, déboussolées. 23 mandats iront pour la proposition du BN 5 contre et 20 abstention

 

Basse Normandie

L’organisation est perturbée. Nous recevons des coups de couteaux dans le dos de la part de l’interpro. La lettre ouverte à jean Kaspar est coordonnée par notre région. Il y a 2 CFDT, il faut briser cette spirale. J’ai mandat pour dire que cela doit se régler par le débat. Les exclure c’est tomber dans le piège tendu par IDF. Il y aura 0 pour la proposition du BN 20 contre et 5 abstentions.

 

Pour Nord pas de calais, la décision était douloureuse mais il fallait le faire. Avons-nous bien mesuré les choses ? Avions nous vraiment cette possibilité ? Que ferons nous si d’autres suivent en province ? On soutient le BN mais il faut que cela cesse. Les 25 mandats iront à la proposition du BN

 

Alsace : nous soutenons le BN face à l’attitude scissionniste d’IDF mais les équipes sont perturbées. 11 mandats soutiendront la proposition du BN et 8 s’abstiendront

 

La Hte Normandie : le syndicat de Seine Maritime distribue une prise de position dans le CNF : «L’orientation de la CFDT doit être décidée par ses adhérents, pas en fonction des désirs de Matignon. Le syndicalisme, la CFDT sont en danger. Le syndicat CFDT de Seine Maritime agira avec tous les moyens en sa possession pour que le débat s’ouvre, pour conserver à la CFDT toutes ses composantes ; Cela passe par le retrait des sanctions. » 9 mandats iront à la proposition du BN (eure), 11 contre (seine maritime)

 

Le BN répond

Déjà nous reconstruisons. Les listes aux CAP sont complètes. Nous réhabilitons des militants tous les jours. L’exemple des banques est significatif. Après la scission, la CFDT s’est reconstruite et progresse maintenant.

Il n’est pas question d’un nouveau compromis. Il faut aller vite avant que l’argent, le matériel, les structures ne soient utilisées à combattre la CFDT

 

Principales mesures prise par ce 50è CNF

  1. Suspension des syndicats suivants : Administration centrale, Centres régionaux, Paris télécoms, 92, 93, 94, 95.
  2. Les bureaux et leurs conseils sont suspendus. Ils ne représentent plus la CFDT devant l’Administration
  3. Les détachements, locaux, panneaux syndicaux sont supprimés comme prévus au 49è CNF
  4. la gestion politique, ainsi que la gestion matérielle de ces syndicats passe à la fédération à compter du 22-12-88

 

Motion adoptée par

 

Pour

Contre

Abstention

465 mandats

115 mandats

54 mandats

73,34%

18,13%

8,51%

 

La région parisienne qui avait 77 mandats contre au CNF précédent, est exclue du vote.

 

Un appel d’Eugène Descamps [3]

Le 21-12-1988 parait dans Paris Normandie un appel à Jean Kaspar secrétaire confédéral dont le premier signataire est Eugène Descamps, ancien secrétaire confédéral de la CFDT.

Rappelant que la « CFDT s’est prononcé pour l’autogestion, et donc qu’elle ne peut être que pour l’autogestion des luttes par les salariés eux-mêmes. Les militants qui ont été liés à ces luttes doivent-ils être sanctionnés, expulsés de l’organisation ? Nous disons Non ! ». Cet appel est signé par des dizaines de responsables syndicaux (membres de bureaux ou du conseil d’union locale) Ht Normands que ce soit aux PTT, dans l éducation, la métallurgie, la chimie, les finances, la protection sociale, les affaires culturelles, Interco, banques, SNCF, ou santé.



[1] archives MMO

[2] archives MMO

[3] D’abord secrétaire général de la CFTC de 1961 à la création de la CFDT en 1964, il restera à ce poste jusqu’en 1971, année où il cédera la place à Edmond Maire

 

Fondation de SUD PTT Au niveau National

Les militants de la région parisienne exclus, se profilent les élections CAP. Ce sont elles qui fixent la représentativité pour 3 ans. Elles doivent avoir lieu en mars 1989.

Le 7 décembre une équipe de la fédération déloge les militants parisiens de leurs locaux. Le même jour le syndicat des postaux parisiens tient son congrès interdit par le bureau national, le soir après le boulot.

Le 15 décembre l’union régionale tient à son tour son congrès. C’est là qu’est adopté le nom de Solidaire Unitaire Démocratique (SUD).

Le 28 décembre 1988 les statuts sont déposés à la mairie de Paris.

Aux élections de mars 1989 SUD a déposé des listes au niveau national et sur la région parisienne. Ces listes recueilleront 4,5% à la poste et 5,9 % aux télécoms, soit 4,9 sur l’ensemble.

En Seine Maritime les postiers peuvent voter sur les listes nationales SUD PTT. Mais l’équipe CFDT oppositionnelle a déposé des listes CFDT au niveau régional. Le débat a lieu parmi les militants : faut-il voter SUD au niveau national et CFDT au niveau régional ? Toujours membres de la CFDT, l’équipe militante appelle à voter CFDT aux 2 niveaux, même si à titre individuel des militants voteront SUD dans « le secret des isoloirs ».

En seine maritime, sur le secteur des télécoms, les résultats seront les suivants :

CFDT

CGT

FO

CFTC

SUD

757

1230

331

141

79

27,4%

44,26%

11,91%

5,07

2,85%

- 2,8

+ 3,5

-2,7

-0,03

 

 

 

Déroulement du congrès de dissolution de la CFDT PTT 76

 

Le 29 mai 1990, dans la grande salle du centre de formation de la Grand Mare à Rouen des délégués de tous les services de la poste (guichetiers et facteurs), du centre de tri, des chèques postaux, de la CNE, des centres de télécommunications sont présents : ils sont 97 en tout. L’ambiance est tendue. Sont présents Alain Lebouteiller Secrétaire régional Interprofessionnel, Louis Zumelzu membre du bureau national « tuteur du syndicat », Pierre Chedor secrétaire de l’union régionale PTT (en fait un membre du bureau de l’Eure imposé par la fédération).

Après la vérification des mandats, l’élection d’un bureau de séance, les responsables du syndicat expliquent pourquoi ce n’est plus possible de continuer dans la CFDT. L’un après l’autre, les responsables régionaux prennent la parole faisant le procès du bureau sortant. Louis Zumelzu a chiffré pour chaque membre du bureau régional, l’augmentation salariale obtenue en échange du changement de statut, et il en lit la liste à la tribune. Tel membre du bureau touchera une augmentation de tant grâce à la fédération et pourtant il combat la politique fédérale.

Dans la salle cela ne passe pas du tout. Tout le monde est conscient de la gravité de la situation : la Poste passe au 1er janvier 1991 du statut d’administration d’état à celui d’EPIC (établissement public intérêt commercial), et les faibles augmentations sont loin de faire avaler la couleuvre, surtout que ce changement de statut cela fait des années que le bureau national le prépare.

Alors quand le vote a lieu pour dissoudre le syndicat, ce sont 79% des mandats qui l’approuve. Un second vote a lieu qui décide d’attribuer tous les biens du syndicat dissous à SUD PTT. Il est midi, les représentants nationaux et régionaux quittent la salle avec 2 ou 3 délégués.

 

L’après midi même une assemblée constitutive de SUD PTT a lieu.

 

Depuis quelques temps un groupe de quelques personnes a déjà créé un syndicat SUD PTT en seine maritime.

Un appel est lancé au personnel des PTT de seine Maritime : il est signé par 15 membres du bureau sortant CFDT et 45 délégués locaux. Il appelle à construire un syndicat SUD en Haute Normandie : une seule adresse une boite postale ouverte à la hâte, ainsi qu’une ligne téléphonique.

 

 

 

 

 

 

 

 

Le syndicat départemental des finances, le syndicat général des affaires culturelles, le syndicat de l’éducation nationale (SGEN CFDT), les cheminots CFDT de Rouen et Sotteville, présents au congrès comme invités, publient le lendemain un communiqué « soutenant cette désaffiliation », montrant aux responsables confédéraux qu’ils n’en ont pas fini avec l’opposition !

 

 

L’après midi même du congrès l’union régionale a fait changer les serrures des locaux PTT. De même elle a déposé une plainte et fait mettre, grâce à ses relations au ministère, les comptes sous séquestres. Ce n’est que quelques mois plus tard que la justice établira la légalité du congrès de dissolution et de la donation faite au nouveau syndicat, les statuts ayant été respectés (il fallait les 2/3 des mandats).

 

L’Union Régionale CFDT de Haute Normandie et la fédération CFDT PTT publient un communiqué :

« Le 29 mai, s’est tenu le congrès du syndicat départemental CFDT PTT de Seine Maritime.

Des responsables locaux de Seine Maritime, en désaccord avec la stratégie de leur fédération, ont tiré les conséquences de leur opposition systématique au sein de la CFDT sur le type de syndicalisme et la place de la négociation dans l’action revendicative.

Ceci les a amenés à quitter la CFDT, cherchant à entraîner une partie des adhérents, pour constituer un syndicat « pseudo révolutionnaire » sur des bases proches de la CGT.

L’union régionale et la fédération prennent acte de ce départ. Elles regrettent que celui-ci se soit accompagné de vol de matériel appartenant à la CFDT.

Les adhérents de la CFDT PTT en Seine Maritime et plus largement les salariés des PTT de ce département peuvent cependant compter sur un redémarrage rapide de notre syndicat. Nous nous y employons et comptons sur eux pour nous aider dans cette tâche.
Aux PTT en Seine Maritime, le travail syndical continue, la CFDT aussi ! »

 

Comme on peut le voir ce communiqué nie le caractère collectif du départ, mais les partants ont « tiré les conséquences de leur opposition » ; ce départ est donc bienvenu.

Ce communiqué remet en cause aussi la légalité des décisions du congrès, parlant de vol. Pourtant ils seront déboutés de la plainte qu’ils déposeront et sous la menace d’une plainte pour diffamation ils devront abandonner ce genre d’accusations.

 

Le nouveau syndicat SUD se doit donc de trouver un local : c’est une pièce dans la maison en rénovation de l’un d’entre eux qui servira de local. Mais c’est aussi grâce à l’équipe de l’école émancipée, que le tout nouveau syndicat peut rapidement sortir des tracts dans tous les services. C’est le 17 septembre qu’il inaugure son nouveau local, une pièce et une arrière salle, place du 39è RI . . . . Après l’avoir repeint pendant leurs congés.

Dans chaque service c’est la bataille pour la conquête des droits : les circulaires patronales rappellent que le nouveau syndicat n’a pas le droit de tenir des heures d’information, de déposer des préavis de grève, de tenir des réunions, d’avoir des locaux.

Mais il a le droit de diffuser des tracts, de tenir des réunions dans des salles administratives en dehors des heures de travail, d’avoir des panneaux syndicaux.

Pour les audiences c’est laissé au bon vouloir des directeurs. Certains les accorderont rapidement d’autres refuseront . . . mais la capacité de mobilisation du nouveau syndicat les amènera à changer d’avis.

 

[1]

En quittant la CFDT l’équipe syndicale a abandonné l’ensemble des détachements. C’est avec des jours de repos, des congés, et quelques jours accordés par la toute nouvelle fédération, que le nouveau syndicat fonctionne et rapidement, il va partout, bataillant pour obtenir des panneaux, faisant remplir des bulletins d’adhésions, trouvant des délégués locaux.

Le mardi 2 octobre à 20h30 il tient une réunion publique à la Halle aux Toiles en présence de Annick Coupé secrétaire fédérale.

Le 1er congrès du syndicat SUD PTT 76 se tiendra le 4 décembre 1990 à la Halle aux Toiles.90 délégués sont présents et le syndicat à 250 adhérents.

 

26 mars 1991 : les élections au Conseil d’Administration

Seules 5 confédérations sont autorisées à se présenter : cadeau post-réforme de Quilès à la CFDT dira SUD. 2400 collègues signent une pétition « pour des élections libres aux PTT » en haute Normandie et 45000 au niveau national.

Un appel au boycott ou au vote nul (avec diffusion de bulletins SUD ou pour des élections libres) est lancé.

[2]

La participation passe de 77% à 70% à FT, de 75% à 60% aux CCP, de 82% à 76% sur la poste 76.

Les votes nuls sont de 13% à FT, de 18% aux CCP, de 11% à la Poste, soit 15% au total des 8647 votants.

2 ans après les élections, le conseil d’état, dans sa formation la plus solennelle, donnera raison à SUD PTT : il annule les dispositions qui accordaient le monopole de la participation aux seules confédérations.

 

Résultats électoraux nationaux

 

 

CGT

FO

CFDT

SUD

CFTC

CSL

FNSA

CGC

Cap 1989

35,30

22,67

23,12

4,18

6,47

5,39

2,19

0,66

CA 1991

36,94

26,38

26,66

interdit

7,12

_

_

2,91

Cap 1994

37,67

21,87

17,76

12,11

5,65

2,87

1,28

0,75

CA 1995

39,14

21,99

17,30

14,38

4,97

 

 

2,21

Cap 1997

34,68

19,59

17,31

16,41

5,13

3,45

2,52

0,90

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Cap

2004

34,85

18,10

16,12

21,01

5,10

 

UNSA

3,01

1,81

CA

2005

35,1

18,1

16,5

21,5

5,2

 

 

 

CA

2010

32,80

16,50

18

21,9

4,70

 

UNSA-CGC

6

 

Après les élections de 1994, le bureau national de la CFDT PTT s’adressera à tous ses adhérents : « Disons le sans détour : malgré l’intense travail des militants de la CFDT, les résultats sont mauvais globalement pour la CFDT, même si localement certains départements surnagent dans la tempête »,  et de poursuivre : « A vouloir trop bien faire dans la réforme, nous sommes apparus comme des responsables des ressources humaines et assimilés ainsi aux patrons. Une partie du vote sanctionne, à travers nous, les deux exploitants »

 

4 décembre 1990 : 1er congrès SUD PTT de seine maritime

Annick Coupé y représentera la fédération.

Le syndicat a 250 adhérents. Il est implanté dans 13 centres télécoms, 21 établissements postaux (les plus gros)

« Ce premier congrès constitutif de SUD Seine Maritime, se situe dans une période de défaite de l’ensemble des travailleurs (euses) des PTT, par rapport à la réforme ». C’et sur cette phrase que s’ouvre le 1er texte du 1er congrès.

Pour plus de démocratie le conseil départemental devient la véritable instance de discussion et de prise de décision. Ce conseil est « la direction politique du syndicat départemental. Cela pour plus de démocratie directe et une plus grande implication militante de tous les adhérents et militants du syndicat. Il sera de 50 membres élus en congrès. Le bureau départemental n’aura plus qu’à gérer au quotidien le syndicat. Il devient un simple exécutif du conseil et de ses décisions et sera élu par le conseil». « Les sections sont la base de la vie syndicale ».

« Le conseil est mandaté pour la création et le développement de SUD dans l’Eure »

Au niveau national les mandats de permanents sont limités à 6 ans. Au niveau local il n’y en a pas et les permanences ne tiennent pas tous les jours au local de la place du 39è RI.

Le 23 mai 1991 il réunit 60 collègues antillais guyennais réunionnais sur leurs revendications spécifiques

 

19-20 novembre 1992 : 2è congrès Régional

Christian Chartier y représente la fédération

Le syndicat a 318 adhérents. Il est implanté dans 16 centres télécoms, 33 établissements postaux (qui regroupent 70 à 80 % du personnel). Il y a un début de développement dans l’Eure avec une vingtaine d’adhérents mais aussi un réseau de diffuseurs. Ce résultat est obtenu par des équipes de Seine maritime qui vont dans les bureaux de l’Eure pour y créer le syndicat. Un envoi de tracts représente 4900 tracts répartis dans 395 enveloppes.

Des locaux d’établissement on été obtenus au havre CPE, au CPE Intra Muros de Rouen, au CCL et 1 en commun avec la CFTC à la Direction régionale télécoms. Rien aux CCP, rien à la Poste. Aux télécoms le droit de tenir des HMI a été accordé. De même cette direction intègre SUD aux concertations.

Le secteur du Havre s’équipe. Un compte rendu du secteur annonce l’installation d’’un fax, d’un répondeur, et l’achat d’un microordinateur et d’une imprimante, dépenses prises en charge par la fédération.

Le DETAP des CCP intègre également la section SUD dans les audiences ; tous les droits sont toujours refusés à la poste dans le 76 comme dans le 27.

Le syndicat ne reçoit toujours aucune subvention des directions contrairement à tous les autres syndicats départementaux.

Les dernières élections CAP ayant eu lieu en 1989, les nouvelles devraient avoir lieu en 1992 ! Mais le ministre avec le soutien de la CFDT les repousse à une date non précisée. Le syndicat trépigne de pouvoir démontrer sa représentativité.

« Le bureau, organe directeur du syndicat est composé de 15 membres ». « Les fonctions de membres du bureau sont incompatibles avec l’exercice des responsabilités politiques. . . » « Le conseil régional est une structure de décision. Il définit la politique d’action du syndicat en fonction des décisions du congrès ».

« Le syndicat se définit comme « indépendant mais pas neutre »

En octobre 1993 le syndicat change d’adresse et s’installe au 69 rue St Julien. 2 pièces en bas et une arrière salle qui sert pour l’imprimerie et 2 étages au dessus.

Le syndicat a alors 263 adhérents à la poste. Il y a 33 adhérents aux services financiers, 71 au centre de tri de Rouen, 18 à celui d’Evreux. Dans les bureaux de poste, on trouve 47 adhérents au Havre, 14 à Harfleur, 10 à Neuville les Dieppe, 9 à Rouen RP, 6 à Sotteville et puis après 1 ou 2 adhérents dans une trentaine de bureaux.

Le syndicat a 123 adhérents aux télécoms. 14 se trouvent à l’agence de Rouen, 19 au centre des lignes de Rouen Agglo et 7 à Rouen plateaux, pour 4 au Havre. On trouve également une section avec 37 adhérents au CPE du Havre (pour 211 agents soit 17,54%) pour 9 à Rouen CPE extra muros et 8 au CPE intra muros.

Cette même année les effectifs aux télécoms comprennent 3255 agents, ce qui donne un taux de syndicalisation à SUD de 3,78%

Le syndicat SUD a donc 386 adhérents en 1993.

Le budget du syndicat fait apparaître 47000 francs de dépenses pour les locaux, 20 000 francs pour les déplacements (audiences réunions, tournées dans les bureaux). Le syndicat a également dépensé 37 000 francs pour le matériel (papier, imprimerie).

Les cotisations ont amené 94643 francs de recette. Une subvention fédérale de 10 000 francs, la clôture des comptes CFDT avec 1409 francs permettent de boucler ce budget.

L’optimisme prévaut puisque le budget prévisionnel est bâti sur une prévision de dépense de 148 000 francs et les recettes liées aux cotisations sont portées à 100 000 francs.

Pour la 1ère fois

SUD se présente aux élections: résultats en Seine maritime

Et peut prouver sa représentativité

La direction continue dans ses circulaires a empêcher le fonctionnement du nouveau syndicat

 

 

Dans un tract d’appel au vote du 13 décembre 1994 Sud écrit : « Nous sommes le seul syndicat pour lequel la représentativité dépend du résultat de ces élections. Les autres syndicats ont acquis une représentativité une fois pour toute ! Après le 13 décembre, les directions n’auront pas d’autre choix que de faire avec Sud ».

 

La veille des élections le syndicat FO sort un tract titré « SUD Vous Ment ! »

« Depuis que la CFDT a exclu les militants d’extrême gauche qui s’agitaient en son sein, un pseudo syndicat animé par des principes communistes révolutionnaires sévit au sein des PTT »

« Par ces agissements, SUD cherche à vous tromper en jetant de la poudre aux yeux et ne rend service qu’aux entreprises privées multinationales qui veulent la disparition de La Poste et de France Télécom pour se remplir les poches avec l’argent des citoyens »

« Ces gens là sont Solidaires d’eux-mêmes, Unitaires dans leurs arrières pensées politiques et aucunement Démocratiques.

Travailleurs des PTT, ne vous laissez pas abuser par la démagogie et l’irresponsabilité »

 

 

 

 

 

SUD

CGT

FO

CFDT

CFTC

CGC

 

1994

988 voix

29,51%

1196 vois

35,72%

557 voix

16,64%

433 voix

12,93 %

174 voix

5,20%

 

 

1997

1208 voix

32,94

+5,06

1156 voix

31,58

-3,19

602

16,44

-1,04

452

12,35

-1,88

212

5,79

+0,67

31

0,85

 

2000

1370

40,12

+7,18

1004

29,40

-2,18

415

12,15

-0,20

426

12,47

-3,97

133

3,89

-1,90

65

1,90

 

En 2004 La poste est coupée en 2 entités Grand Public et Région Haute Normandie Courrier

DD 76 Grand Public

2004

SUD

CGT

FO

CFDT

CFTC

CGC

 

454

43,8

187

18%

173

16,7

130

12,5

75

7,2

18

1,7

 

 DOTC hte Normandie

2004

SUD

CGT

FO

CFDT

CFTC

CGC

 

1344

41,4

961

29,3

462

14,1

295

9%

185

5,6

19

0,6

 

DD 27 Grand Public

2004

SUD

CGT

FO

CFDT

CFTC

 

 

104

23,1

146

23,1

213

33,6

122

19,3

47

7,4

 

 

 

Sur le centre de tri de Rouen

1989

SUD

---------

CGT

128

37,86

FO

38

11,24

CFDT

162

47,92

CFTC

10

2,95

 

1994

SUD

CGT

FO

CFDT

CFTC

 

 

196

54,6

134

37,02

20

5,32

6

1,66

6

1,66

 

1997

241

59,65

122

30,20

27

6,68

8

1,98

6

1,49

2000

226

68,28

81

24,47

15

4,53

5

1,51

1

0,3

2004

187

65,2

73

25,4

17

5,9

6

2,1

4

1,4

 

Aux chèques postaux

 

1994

SUD

CGT

FO

CFDT

 

 

 

272

40,18

221

32,64

129

19,05

31

4,58

 

 

1997

311

48,22

170

26,36

130

20,16

33

5,12

 

2000

381

64,14

137

23,06

75

12,63

1

0,17

 

 

2004

SUD

CGT

FO

CFDT

 

 

369

68,7

131

24,4

37

6,9

0

 

 

Sur le Groupement du Havre

 

1994

SUD

CGT

FO

CFDT

CFTC

 

223

46,17

193

39,96

32

6,63

17

3,52

18

3,76

 

Evreux CT

 

1994

SUD

CGT

FO

CFDT

CFTC

 

63

31,98

60

30,46

32

16,24

10

5,08

32

16,24

 

France Télécom Région haute Normandie

 

1994

SUD

CGT

FO

CFDT

CFTC

 

872

37,26%

34,78%

11,58%

13,20%

3,16%

 

13-14 février 1995 :3è congrès Régional

fin 92 : 324 adhérents

fin 93 : 410 adhérents

fin 94 : 485 adhérents

Christophe Aguiton représente la fédération.

« Le conseil est composé des délégués élus et révocables des sections et des membres du bureau élus par le congrès. Il se réunit 10 fois par an. C’est un lieu de débat, de décision et de contrôle de l’activité » du syndicat entre 2 congrès.

Le bureau est élu par le congrès (18 membres). Son rôle est d’animer la vie du syndicat ».

fin 2011 : 984 adhérents

 



[1] Les réunions du bureau ont dû se faire en dehors du temps de travail. Sur la photo, Claude Taleb, René Ollier, Pascal Devernay, François Paturel, Jean-Louis Le Méhauté, Jean-Louis Amans, Gilles Durand, Murielle Chevallier.

[2] exemple de bulletin pour le vote nul. Archives MMO



15/12/2012
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